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En 2019, j’ai fondé l’école ĀYU pour transmettre le yoga autrement : une pratique décomplexée et inclusive fondée sur des connaissances scientifiques et académiques.
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Garder les épaules loin des oreilles, c’est sûrement LA consigne des cours de yoga qui crée le plus de peur du mouvement (appelée aussi kinésiophobie) ! À tel point que l’on constate très souvent chez nos élèves en formation initiale la crainte de laisser leurs épaules monter proches des oreilles, sans savoir pourquoi. Lorsque vous étirez votre bras au-dessus de la tête pour attraper quelque chose en hauteur, vous ne vous posez pas la question de la position de votre épaule… et tout se passe bien, non ? Alors, dans cet article, on vous explique pourquoi cette consigne n’est pas toujours pertinente et comment elle peut générer de la kinésiophobie.
L’instruction d’éloigner les épaules des oreilles est fréquemment utilisée en yoga. Lorsque les bras sont baissés, cette indication ne pose aucun problème. Elle permet même d’allonger un peu plus la nuque dans la recherche d’auto-grandissement de la colonne. Par contre, si les bras sont situés au-dessus des épaules, alors cette consigne n’est pas anatomiquement fondée.
En réalité, lorsque les bras s’élèvent vers la tête, les épaules montent naturellement vers les oreilles avec eux grâce à un mécanisme appelé le rythme scapulo-huméral. Il se met en place dans les postures de yoga dès que le bras s’élève au-dessus des épaules (comme dans la posture de la montagne en extension ou du chien tête en bas) ainsi que dans des mouvements du quotidien, comme attraper un verre sur une étagère en hauteur.
Le rythme scapulo-huméral implique un pivotement de la scapula (appelée omoplate dans l’ancienne nomenclature anatomique) pour accompagner l’abduction du bras, c’est-à-dire son éloignement du corps. La scapula (et le reste de l’épaule avec) doit s’élever lorsque le bras monte pour le bon fonctionnement de l’articulation.
Forcer les épaules à rester basses dans ces situations contredit ce processus naturel et peut créer une tension musculaire inutile. Ainsi, vouloir maintenir les épaules loin des oreilles va à l’encontre du fonctionnement biomécanique naturel du corps, ce qui rend cette consigne peu pertinente.
Imposer la consigne de garder les épaules loin des oreilles dans les postures de yoga peut entraîner une appréhension du mouvement. Cela incite les pratiquant.e.s à percevoir certains gestes qui sont parfaitement naturels et sains comme incorrects. Il se crée alors un sentiment de maladresse ou une peur de mal faire, menant parfois à une peur du mouvement, appelée aussi kinésiophobie.
Lorsque l’on demande de tirer les épaules vers le bas alors que le mouvement naturel du corps veut qu’elles montent, on crée une confusion. À long terme, cela peut amener certain.e.s élèves à éviter les mouvements d’élévation des bras ou à les exécuter avec tension, de peur de mal faire ou de se blesser. Cette tension, qui est contraire à ce qu’on l’on recherche en yoga, à savoir créer de l’espace et de la conscience dans le corps, peut aussi entraîner une limitation de la liberté de mouvement et une réticence à explorer pleinement les postures.
Par ailleurs, on entend aussi que cette consigne a pour but d’éviter de comprimer les muscles de la nuque. La contraction des muscles nécessaires à l’élévation de l’épaule est nécessaire et parfaitement saine. C’est même indispensable à la pratique du handstand, l’équilibre sur les mains, dans lequel les bras sont au-dessus des épaules et où l’on cherche à se repousser le plus possible, tout en supportant son propre poids. Ainsi, lorsqu’on veut progresser en handstand, il faudra même exagérer ce mouvement naturel du rythme scapulo-huméral pour renforcer les petits muscles autour des épaules et les préparer à soutenir tout son poids à l’envers.
L’origine de la consigne d’éloigner les épaules des oreilles semble venir de l’idée d’obtenir une posture visuellement plus élégante, inspirée notamment de la danse. En gardant les épaules basses, on crée un espace entre les oreilles et les épaules, ce qui peut donner une apparence plus « allongée » ou « gracieuse ».
Cependant, cette approche est davantage esthétique que fonctionnelle. L’objectif du yoga, à l’inverse, est de cultiver une pratique durable, sans chercher à correspondre à des critères de beauté extérieurs. Il est donc plus pertinent de se concentrer sur le respect des mouvements naturels du corps, sans contraindre artificiellement les épaules à rester basses lorsqu’elles doivent s’élever avec les bras.
Chez ĀYU YOGA SCHOOL, nous précisons dans toutes nos formations, initiales comme avancées, pourquoi ce type de consignes kinésiophobes est à bannir des cours. Découvrez-en plus sur nos programmes de formations, fondés sur des connaissances anatomiques validées scientifiquement au service d’une pratique fonctionnelle et durable.
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